LE MOT DU PARRAIN des éditions précédentes

Christophe MALARDE

Octobre 2021

Être parrain de Belle-ile-en-trail signifie quoi en réalité ? Il engage à quoi ? Il sert à quoi ? Toutes ces questions, je me les pose régulièrement quand l’heure est venue, avec l’équipe d’organisation, de renouveler notre confiance réciproque. Car cette histoire commence à dater… 2007, je découvre ce joli tour de l’île en solo dans le cadre d’un entraînement et je m’y casse les dents… surpris par sa difficulté mais je repars émerveillé par l’endroit et déjà, j’écris sur mon blog (oui à l’époque il y avait des blogs), qu’il faut organiser quelque chose sur cette île. Fin 2008, je suis invité à développer cette idée devant quelques insulaires en recherche d’un nouveau souffle, d’un nouveau projet sportif. Ils m’expliquent que jusque-là il y avait des épreuves de course sur route (Un 10 et un semi) qui avaient été mises en place pour redonner de l’élan après la catastrophe de l’Erika. ils me disent qu’ils veulent mener un projet différent, plus en immersion dans l’île.. Le trail se prête à cela et l’île est dimensionnée pour mener de belles aventures pédestres. Quand je propose comme épreuve, un tour de l’île en une fois, je sens qu’il y a de l’incrédulité. Alors on fera aussi un demi-tour mais on garde le grand tour au plus près de la mer. Oui mais il faut protéger des espaces, minorer notre impact sur ce sentier côtier, faire de ce rendez-vous un bel événement mais qui reste corrélé aux possibilités d’accueil de l’île… Rien n’est simple… Pourquoi je vous dis cela ?

Parce que depuis cette première édition, que j’ai gagné (je ne pouvais pas faire autrement ;-)), Belle-ile-en-trail n’a eu de cesse de grandir, d’accueillir de plus en plus de coureurs et d’en refuser aussi de plus en plus. Notre sport, parallèlement, a aussi évolué dans la même croissance, effaçant le côté pionnier des épreuves de 2000 pour en faire de gros événement sportifs, banalisant les distances jusqu’à penser que 83kil autour d’une île Bretonne c’est du domaine de l’ordinaire. Sur cette première longue décennie, mon rôle de parrain a été de faire la promotion de cette épreuve de la manière la plus large possible, d’imaginer avec Claude, José, Christophe et toute l’équipe, des courses, des formats et des accueils différents pour que vous puissiez passer un pur moment. Belle-ile-en-mer est devenu aujourd’hui un spot de trail reconnu le jour de l’événement mais aussi tout le reste de l’année. Il y a aussi de plus en plus d’insulaires à avoir contracté la fièvre running. Quand vous débarquerez sur le port avec vos « boosters » aux mollets et votre sac de 5 litres, vous serez identifiés, dans la norme et bien accueillis par l’ensemble de la population. Il me semble que nous avons réussi notre travail et que si vous êtes à lire ces lignes, c’est que vous avez une idée derrière la tête et que vous voulez goûter (ou regoûter) à cette expérience. Venez, soyez là avec nous… Tout est prêt !

Dès lors, j’aurais pû m’éclipser ? Que faire de plus, de mieux ? Et bien rien, sauf à vous dire que nous sommes tous à présent garant de ce bel équilibre, qui reste fragile. Parce que Belle-ile-en-Trail, c’est une organisation à taille humaine et composée de bénévoles qui passent des heures, s’engagent sur des postes avec de grosses responsabilités et que ces bénévoles, par leurs âges avancés, n’aiment pas les charges de stress ;-). Que nous sommes également dans un espace naturel qui a une capacité d’accueil et d’usages limités qui n’aiment pas non plus être stressé. Ce n’est au final qu’un caillou entouré d’eau et il n’est pas extensible. C’est enfin un territoire qui n’inscrit ses amitiés que dans un temps long ou la discrétion et l’humilité sont de bons gages. Alors permettez-moi sur ces prochaines années (oui je suis encore là longtemps), de vous inviter, en venant à Belle-Ile en mer (à Belle-ile-en-trail), de ralentir votre cadence, et de vous synchronisez avec ce territoire… En acceptant ses limites, vos limites, nos limites vous passerez un bon moment assurément ! Bon run

Septembre 2019

Je suis le parrain d’une gamine qui va avoir 10 ans en 2020… Elle s’appelle BIET*

Une sacré gamine… que j’ai vu grandir par bonds successifs parce que je ne vis pas à belle Ile en mer. Alors à chaque traversée, espacée de plusieurs mois, j’ai découvert son évolution auprès de sa famille qui la couve, soigne son caractère et l’accompagne. Et elle est bien encadrée cette gamine, je vous le dis. Il y a d’abord le premier cercle, les proches, ceux qui toute l’année, mettent les mains dans le cambouis et gèrent les tracas du quotidien. C’est pas toujours drôle à gérer une mioche, mais avec les valeurs qu’ils revendiquent, les idées qui émergent et leurs complémentarités, ils arrivent toujours à la tirer vers le haut et sans lassitude… c’est joli. Et parce que l’on ne grandit pas uniquement au sein de sa famille, elle est encadrée sur l’île, par une troupe de bénévoles attentionnés. Chacun a fait sa part, dans son coin et force est de constater en voyant cette petite BIET, qu’en 10 ans, il y a eu des milliers de parts de réalisées.

BIET est aussi évidemment une gamine de son temps qui s’affiche avec les codes de sa génération « trail running ». Elle est tendance, à la mode, elle est mainstream… Mais derrière ce désir, qui est propre à la pré-adolescence, de vouloir ressembler aux autres, elle n’affiche pas moins un vrai caractère, un style bien à elle. Elle n’oublie pas d’où elle vient, elle a les traits de ses parents. De sa mère, elle a la beauté, la simplicité, la modestie. De son père, elle a conservé la rusticité, le sens du défi sportif, son endurance. Prenez là de haut, ou méprisez son style et elle vous clashe au milieu d’un chemin, face à l’océan, vous laissant avec vos propres limites… Vous rentrerez à pied ou en stop. Bien fait pour vous !

L’autre particularité c’est que l’on fête son anniversaire que tous les 2 ans… Oui c’est long pour attendre mais c’est mieux pour apprécier jusqu’à la moelle. çà commence toujours de la même manière. Une traversée de bateau, la prise du dossard, la privatisation de l’avenue Carnot, l’embrasement du port à grands coups de fumigènes le samedi matin et boum… la fête est lancée ! Pour avoir été de chaque départ, je ne m’en lasse pas et tant pis si la suite est parfois plus pénible. Il y a des gueules de bois que l’on vit après la course, de bar en bar quand tout se passe bien et des gueules de bois que l’on vit dans la course de plage en plage en trainant sa méforme. On ne choisit pas mais il en reste toujours quelque chose. Assurément !

BIET possède les vertus de ses dix ans. Elle a de la fraicheur, elle s’exprime sans filtre, elle a le regard qui brille, tout l’avenir devant elle et des idées folles. Elle me fait dire qu’elle vous invite tous à son anniversaire en 2020. vous comme moi, voyez bien qu’il va y avoir un souci… que dans son élan de générosité, il y aura plus de personnes invitées que ce que peux contenir la salle. Mais à 10 ans, on ne peut pas tout lui demander !

A très vite

Mai 2018

Mon histoire avec Belle-Ile en version trail a débuté il y a déjà 10 ans. Été 2008…voilà 6 heures que je cours autour de ce caillou. Je suis parti au lever du jour du Palais. Direction Sauzon, puis Donnant puis je poursuis sur ce sentier côtier, magnifique, en direction de Locmaria. Je découvre vraiment pour la première fois cette île : Belle-Ile-en-Mer.

Bien sûr en tant que breton, j’y suis déjà venu la parcourir en voiture de location, en bus découverte, à vélo… mais là c’est une rencontre avec un parcours ! Un truc que je n’avais pas imaginé en venant faire une sortie longue pour préparer l’Euskal trail et les Templiers. Une véritable trace de trail.

La rencontre se transforme pourtant sur la fin en lutte. Une chaleur étouffante, plus d’eau, un parcours cassant et qui n’a pas de fin ! Je renonce à Locmaria. Je dilapide mes 2€ de “secours” dans une bouteille de St Yorre. Je demande gentiment au chauffeur de la navette de bus, si elle prend les naufragés sans un sou. Elle accepte. Je rentre au Palais, vidé. Je quitte l’île comme j’étais venu. Sans rencontrer de traileur, d’insulaires, d’organisateurs !

Je termine mon CR sur mon blog de l’époque par cette phrase : “Belle-Ile est le spot idéal pour organiser une course incroyable. Qui se lance ?”

Pour avoir écrit cette ligne, j’ai eu quelques mois plus tard une demande de venir sur l’Ile. Une invitation de Claude Le Borgne et quelques membres de l’équipe du raid insulaire. Ils ont envie de créer un trail, une épreuve nature pour remplacer le 10kil et semi route qui a 10 ans d’existence ! On discute, je fais part de ma vision du trail, on imagine des parcours, des formats… Belle-ile en trail est lancé !

Lorsque je reviens sur ce caillou, je vais rejoindre maintenant des connaissances, des amis, des traileurs et ultra-traileurs belle Ilois. Je ne manque jamais l’occasion de mettre les baskets dans le sac, pour repartir discuter avec ce parcours. Avec lui c’est plus compliqué de communiquer. Il est exigeant. On a du mal à s’entendre. C’est souvent lui qui a le dernier mot mais je remercierai éternellement de m’avoir permis d’inscrire mon nom au palmarès de cette course.

Aujourd’hui, Belle-Ile-en-Trail fait partie du paysage français des courses nature et l’engouement qui se manifeste autour des inscriptions en est la plus belle preuve. C’est déjà la 5ème édition qui se lancera en septembre. Le temps passe vite. Ce projet a grandi. Nous restons vigilant à conserver les idées qui nous ont portés au départ : faire découvrir l’île sans l’impacter, offrir des parcours sportifs accessibles à tous, prendre le trail pour un prétexte à se retrouver et partager un moment de convivialité.

Alors, après vous avoir dit tout cela, vous comprendrez que je suis heureux d’être le parrain de cette épreuve et je suis d’accord avec vous : Belle-île-en-trail n’a pas besoin de moi pour grandir et se faire connaître. Les reportages, les photos, les vidéos incroyables, le bouche à oreille vous ont déjà fait sentir que cette course est particulière par son environnement, ses paysages, ses hommes et leur culture… Vous avez raison, ce n’est pas une légende ! J’espère que vous aurez ce plaisir dans quelques semaines de découvrir l’ensemble ou une partie de ces originalités.

D’ici là, je vous souhaite une belle préparation et pleins de belles choses pour votre épreuve.

A très bientôt.

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